J’habite la rue Lascaris depuis une trentaine d’années et si j’ai rencontré ce nom à diverses occasions, c’est la première fois que, grâce à la Ruche, j’ai voulu en savoir davantage sur le pourquoi une « rue Lascaris » à Vallauris.
Et, partant de là, j’ai prolongé mon questionnement à propos d’autres noms de rues de notre cité.
Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, je me suis intéressé plus généralement à l’origine des noms de rues (odonymie).
Il est possible de distinguer plusieurs époques où l’on observe une typologie similaire des noms de rue sur le territoire français.
Moyen âge : les dénominations répondent à une logique fonctionnelle. Le nom de la voie est celui du lieu qu’elle dessert, ce lieu étant religieux ou civil : « place de l’Église », « place du marché », « rue du four », etc ;
XVIIe et XVIIIe siècles : rupture avec le Moyen Âge et la dénomination fonctionnelle. Les voies portent alors le nom des Grands du royaume (ce procédé aurait été inspiré par Sully) : « place Louis-Le-Grand » (pour Louis XIV), « rue de Condé » (pour la maison de Condé) ;
Révolution française : la débaptisation est courante, les instances révolutionnaires ne changent pas seulement les noms de rues mais aussi des villes : des « rues de l’Égalité » ou des « places de la Nation » apparaissent dans la plupart des cités ;
Premier Empire : déjà sous le Directoire, la débaptisation s’essoufle. Sous l’Empire le phénomène s’inverse et les « rues Saint-Antoine » et les « places de l’Église » sont réintroduites. C’est aussi l’époque de l’apparition des noms de généraux et de victoires militaires : « rue de Wagram », « rue Ney », etc ;
Fin du XIXe siècle : la guerre franco-prussienne de 1870 et l’annexion de l’Alsace et de la Moselle par l’Allemagne, incitent de nombreuses communes à créer des boulevards de Strasbourg, de Metz, d’Alsace-Lorraine, etc ;
XXe siècle : l’éclectisme domine. Les courants principaux sont les personnages célèbres – majoritairement masculins -, les régions géographiques et les pays (« rue de Colmar », « avenue du Japon », « route de Laval », etc).